Voix et physique insolites, Brigitte Fontaine s’est construit l’image d’une artiste extravagante, qui ne dédaigne pas de passer pour « déjantée »… Son audace créative est grande et constante tout au long de sa carrière. Elle attire auprès d’elle la nouvelle génération des musiciens qui ont grandi en écoutant les disques étranges qu’elle enregistrait dans les années 60 et 70. Ouverte à toutes les expérimentations musicales, elle travaille avec les artistes les plus divers (Étienne Daho, Sonic Youth, Noir Désir…). Son goût des délires verbaux s’exprime aussi à travers la littérature et le multimédia. « Y’a des zazous », cette chanson volontairement d’allure farfelue enregistrée avec Matthieu Chedid, lui va comme un gant.
Brigitte Fontaine
Jusqu'ici sur terre, un homme pouvait être Blanc ou noir, ou rouge, ou jaune et puis c'est tout Mais une autre race, est en train d'apparaître : C'est les zazous, c'est les zazous ! Un faux col…
La pochette de Y'a des Zazous
Un changement de millénaire, c’est rare: une fois tous les…1000 ans. Depuis qu’on s’y préparait, on l’attendait comme le nouvel âge du bonheur. Hélas, ce n’est pas pour cette fois-ci. Il commence même plutôt mal tant les fureurs guerrières et les discours de haine sont assourdissants. Grâce au rap, la musique change beaucoup: le Dj devient un musicien à part entière et le mix est la règle: mélanger ce qu’on aime, se mélanger avec ceux qu’on aime et aimer se mélanger. Alors que les intégrismes de tous poils poussent au repli sur soi, la musique invite chacun à se tourner vers l’autre. Et si le nouveau millénaire en faisait son fil conducteur ? Car cette terre est la nôtre et nous l’espérons belle et pacifique. Folle espérance ? Peut-être, mais conservons en nous ce vers du grand poète chilien Pablo Neruda « Le printemps est inexorable », pour ne pas perdre le fil d’un monde plus juste, plus beau et accueillant.
Fans de jazz et de swing, musique américaine mal vue par l’occupant et ses collabos, des jeunes bravent les interdits en cultivant leur différence avec nonchalance et insolence, alors que la révolution morale de Vichy veut des jeunes sains et purs. Ce sont les Zazous, nom tiré des onomatopées du jazz. Méprisés et pourchassés, ils manifestent avec élégance dans leur costumes et coiffures le refus de l’ordre moral et de l’uniforme chers à Pétain. Dans un registre délirant, on doit finalement à ces excentriques frondeurs l’ancrage français du jazz et du swing ouvrant ainsi la voie à la fureur du jazz d’après-guerre.
Au tempo bien jazzy du titre original chanté par le sympathique Andrex, a succédé une ambiance plus rock, électrique au parfum électro voulue par -M-. La batterie mène la danse, des accords de guitare viennent s’écraser sur sa grosse caisse, tandis qu’en arrière fond s’emmêlent des solos effrénés. Les pédales d’effets triturent les sons de la guitare électrique.
Brigitte Fontaine de sa voix essoufflée pose en creux une question cruciale : qui aujourd’hui a remplacé les Zazous ?
Au tempo bien jazzy du titre original chanté par le sympathique Andrex, a succédé une ambiance plus rock; électrique au parfum électro. La batterie mène la danse, des accords de guitare viennent s’écraser sur sa grosse caisse, tandis qu’en arrière fond s’emmêlent des solos effrénés. Les pédales d’effets triturent les sons de la guitare électrique.
Née en 1988 à Nantes, Héloïse Letissier, alias Christine and the Queens ou tout simplement Chris, aime jouer avec les apparences. Artiste complète, à la fois chanteuse, productrice et danseuse depuis l’enfance, elle offre à son public des concerts aux allures de shows américains aux chorégraphies puissantes, entremêlant théâtre, décors et tenues.
Au début des années 2010, après une rupture et une dépression, la jeune femme abandonne ses études à l’École Normale Supérieure et s’installe à Londres où elle affirme son image et sa musique.
Christine and the Queens rencontre le succès en 2014 avec son album Chaleur humaine, qui fait mouche auprès des critiques. Sa pop teintée d’electro chantée en français et en anglais cartonne rapidement à l’international où elle est adoubée par de prestigieux médias comme Billboard, Time, The Guardian ou The New York Times. Quatre ans plus tard, Christine and the Queens entame sa mue avec son deuxième album, tout aussi bilingue, Chris.
Pourquoi un tel succès ? De ses parents, professeurs de lettres, Christine and the Queens hérite du goût de l’écriture : ses textes, bien loin de l’immédiateté de l’époque actuelle, nécessitent une écoute attentive et une réflexion pour une compréhension claire.
Elle revendique haut et fort l’influence exercée sur elle par les icônes pop Michael Jackson ou David Bowie, et comme ce dernier notamment, secoue la notion de genre et les normes sexuées. Christine and the Queens façonne sans relâche une image féministe, puissante et androgyne. Sa reprise en duo avec Indochine du tube « 3ème sexe » en 2021, rebaptisé « 3SEX », en est une illustration brillante.
Artiste atypique, qui s’aventure volontiers hors des sentiers battus, Chris ose, propose et accroche le corps et le cœur.