Née en 1927 à Montpellier, Juliette Gréco est une immense figure de la chanson. Égérie raffinée et sensuelle du Saint-Germain-des-Prés des années 1950, elle fut l’inspiratrice de nombreux poètes et intellectuels ainsi qu’un modèle d’émancipation pour les femmes de son époque. Au service du beau et du sens, elle met en valeur les textes avec un conviction que transcende son interprétation. Elle a ainsi chanté les plus grands, de Trenet à Gainsbourg, de Brel à Aznavour, mais Jacques Prévert et Joseph Kosma lui ont offert des chansons sur mesure, belles comme des robes de gala. La voix grave, enveloppante et délicate de cette grande dame qui nous a quitté en 2020 continuera de nous envoûter encore longtemps.

“Déshabillez-moi” est une chanson écrite par Robert Nyel en 1967. Cette chanson est à son origine destinée à une strip-teaseuse de cabaret, dont Robert Nyel est amoureux. Le couple se sépare et la chanson est alors proposée à la chanteuse Juliette Gréco.

Le caractère sensuel et cocasse de la chanson en fait au début une œuvre boycotté par les radios française : RTL, Europe 1 et France Inter. L’émission Télé Dimanche refuse même que Juliette Gréco la chante. Elle connaît cependant un gros succès dès 1968, devenant le tube de Juliette Gréco.

Les paroles sont très sensuelles et directement sexuelles. Elles se réfèrent au champ lexical de l’effeuillage, du strip-tease et évoque l’histoire d’une femme, qui veut qu’on la déshabille :

“Voilà, ça y est, je suis/ Frémissante et offerte / De votre main experte, allez-y”

Il y a une certaine tension dans les paroles et c’est Juliette Gréco elle-même qui a écrit la fin de la chanson, le désormais culte “ Et vous, déshabillez-vous !”. Les mots “déshabillez-moi”, titre de la chanson, reviennent à chaque début et fin des trois couplets.

Paroles osées pour l’époque, surtout chantée par une femme, les paroles de “Déshabillez-moi” sonnent comme un hymne à la liberté et au plaisir.

La composition musicale de “Déshabillez-moi” a été effectuée par une femme, Gaby Verlor. La chanson ne comporte pas de refrains, les couplets s’enchaînent et raconte l’histoire de la chanson. Le rythme est lent, les sonorités dansantes et la voix de Juliette Gréco est un instrument à part entière. Elle oscille entre sensualité et fermeté, avec sa voix grave. Nous pouvons entendre une guitare, un tambourin, des violons… La musique en elle-même est sensuelle et langoureuse.