L’âge le plus sucré de la vie où les goûts se fondent et se forment. On ouvre la page de son adolescence à peu près vers 12 ans. Elle ne dure que quelques années et c’est à l’âge de la majorité que nous la voyions disparaître en entrant dans l’âge adulte. Premiers flirts, premiers doutes, premières fois… Le corps change, on s’affirme, on teste et on tente des choses… On a envie de crier qu’on EXISTE.
“C’est un coin d’herbes folles
De bleuets, de chiendent,
Blotti entre la jungle infernale des grands
Et le jardin tranquille de l’enfance”
écrivait dans une sublime chanson ‘L’adolescence” le poète et chanteur Henri Tachan
S’il y a toujours eu des jeunes, il n’y a pas toujours eu ces adolescents aujourd’hui. Au long des siècle, la grande majorité des individus passait directement de l’enfance à l’âge adulte. On travaillait tôt… et on mourrait tôt. Entre les deux, on tentait de vivre ou de survivre. Les penseurs des Lumières, puis la révolution industrielle ont permis à notre société de progresser. L’espérance de vie s’est petit à petit allongé et les nécessités de l’éducation ont retardé l’entrée des jeunes dans la vie active. Cette période coïncide avec d’importantes modifications dans la vie de chacun/e. C’est la période de l’affirmation de soi, où apparaissent de nombreux changements physiques: la barbe qui pousse, la poitrine qui apparaît, la voix qui mue… “Ton corps change” dira un certain Doc sur une certaine radio FM… et ça fait un drôle de bazar. on n’en finit pas d’user les glaces à se regarder et on est sur le qui vive quand quelqu’un nous scrute. De vrais chats d’égout !
Considéré comme l’âge ingrat par nombre de penseurs du XIXe siècle, l’adolescence rimait avec rêveries, gaucheries et expression des passions, la fameuse “crise de l’adolescence”. Elle était comme une période critique. Longtemps (mais est-ce vraiment fini?) la société a eu peur des adolescents, surtout ceux issus des quartiers populaires: apaches, canailles ou racailles, il y a toujours eu des noms d’oiseaux pour les désigner. Les ados perçus comme des délinquants, voire au début du XXe siècle comme des criminels, on s’imaginait qu’ils laissaient libre court à toutes leurs pulsions.
En vérité, il n’y a rien de plus fragile qu’un adolescent, sauf peut-être un nouveau-né. C’est pourquoi il faut en prendre soin, sans trop le brider ! C’est un “âge-frontière”, une période charnière où l’on multiplie les activités et les expériences. Parfois on pousse les limites, histoire de voir si c’est un jeu dangereux. Mais comment savoir où s’arrêter? On ne sait pas ce qu’on veut et on s’entend dire souvent “qu’on se cherche”.
Mais que cherche-t-on entre 12 et 18 ans? Six ans de quête. Quête d’identité, quête d’originalité aussi. On cherche à se singulariser… Hum, hum… Paradoxe, parce que c’est aussi un moment de la vie où la notion de groupe est importante. En définitive, on cherche sa singularité dans un groupe. L’effet de groupe agit sur la personnalité comme un moyen de se rassurer peut-être… C’est que grandir, devenir insensiblement un adulte, ça fait peur !
Entre amis, dans un groupe, un clan, un club, appelons-le comme on veut, on partage des idées, des points de vue et des valeurs. La musique est un art qui répond parfaitement à ce besoin. Rassembleuse, elle s’écoute aussi seul/e, à l’abri des regards (ou plutôt des oreilles…). Elle fait appel au corps et aux sens. Il s’y traduit les émotions et les préoccupations de jeunes qui s’identifieront volontiers à la situation décrite dans une chanson.
Elle est un moyen d’expression. Elle génère ses propres codes, ses références, ses influences et des modes vestimentaires en découlent. Qu’en était-il dans les années 60? On se souvient de la mode hippie venue des États-Unis où les jeunes avaient les cheveux longs, tresses et nattes chez les filles, barbe chez les garçons, des vêtements colorés, des fleurs dans tous les sens… et une musique rock psychédélique. Les choses sont-elles si différentes aujourd’hui? Reconnaître ses pairs, trouver sa marque de fabrique à travers une musique et ce qu’elle véhicule comme codes… c’est bien une nécessité adolescente !
“Chacun ses goûts !” la réplique idéale pour ne pas rentrer dans des explications interminables pour tenter de défendre ses préférences… même si elles ressemblent à celles des copains. Besoin d’appartenir à un groupe et de s’en distinguer… C’est pourquoi nous voyions apparaître une multitude de genres (rock, pop, soul, jazz, chanson, rap, techno,…) se démultiplier en autant de sous-genres: acid-jazz, nu-soul, jazz-fusion, new-pop, etc…
Un drôle de jeu de famille… musicales.
L'ivresse du concert
Le vidéo-clip, ce serait comme le petit-fils du film. Une forme très courte composée d’images animées et/ou fixes qui révèlent une chanson ou une musique. Musique et cinéma qui s’épousent sur la planète TV pour donner naissance au vidéo-clip faisant ainsi entrer la musique dans une nouvelle dimension.
Dans un clip, tout réside dans le montage. Négocier, gérer en un temps très court, le temps que dure une chanson, une succession de plans qui avancent au rythme de la musique et/ou de l’histoire de la chanson. A priori, tous les ingrédients sont là pour entrer et découvrir des genres musicaux et des artistes nouveaux. Le clip est un moyen d’”entrer en musique”. Cette invention a fortement contribué à élargir et étendre le spectre d’une culture musicale rajeunie. Le clip vidéo aura permis de populariser davantage la musique sur un nouveau support médiatique : la télévision. Jusqu’à présent, on découvrait principalement de nouvelles chansons à la radio.
Pupilles et tympans excités en même temps, le rythme de la chanson s’inscrit alors en nous.
Souvent construit sur des clichés, le clip met en scène des situations qui parfois font double emploi avec la musique. Mais de plus en plus souvent image et son ne sont pas directement liés l’un à l’autre. La bande-vidéo n’est donc pas automatiquement l’illustration directe des paroles de la chanson. Le monde du vidéo-clip a évolué.
C’est en 1977 qu naît le premier véritable vidéo-clip avec la chanson “Bohemian Rhapsody” du groupe anglais Queen. Grâce à ce clip, la chanson se retrouve propulsée en tête des classements internationaux. Le clip devient alors un véritable outil promotionnel. de plus en plus d’artistes s’en saisissent et les maison de disques y voient la poule aux œufs d’or et investissent largement dans la production de vidéos-clips.
En 1981, commence l’industrialisation du vidéo-clip avec la naissance aux États-Unis d’une télévision qui se veut entièrement dédiée à la musique: MTV.
Dans les années 80, en France, il n’était pas rare de voir des vidéos-clips tournés en plan fixe, mettant en scène l’interprète chantant en playback et se déhanchant sur la bande-son. Ambiance boîte de nuit, projecteurs multicolores, machine à fumée en guise d’effet, le clip vidéo a connu des débuts haletants. Il fallait qu’il fasse ses preuves et on investissait très peu d’argent dans sa réalisation. Et puis, quelques artistes audacieux misent sur le clip pour se faire davantage connaître. C’est le cas de Mylène Farmer. Tous ses clips sont de plus en plus élaborés tant dans leur construction narrative que dans les effets techniques utilisés à la réalisation. Les producteurs d’artistes dont de plis en plus appel à des réalisateurs de films ou à des spécialistes de la réalisation de spots publicitaires. Le groupe Daft Punk, qui joue sur une forme d’anonymat, crée avec un film d’animation. Leur musique électronique souvent sans chant, nous propulse alors dans un autre monde et nous suivons l’histoire racontée par les images. De nouvelles chaines de télévision se spécialisent dans la diffusion de vidéo-clips (MTV, M6, MCM, Trace TV pour n’en citer que quelques unes).
Plus séduisant et sans doute d’un effet plus percutant et immédiat, un nouveau moyen de découvrir des artistes et des genres musicaux est né. Mais ce sont les musiques les plus commerciales qui en bénéficient le plus. Il est bien difficile pour un jeune talent de percer sur les écrans.
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Qui ne conaît pas le grand Michael Jackson?! Qui n’a pas encore vu le clip “Thriller” qui a révolutionné la planète? Le plus long clip de l’histoire: 1” minutes non-stop! Un casting impeccable, un réalisateur de premier choix, John Landis, plus connu pour ses comédies loufoques et fantastiques (“Le Loup-Garou de Londres”, “Le flic de Beverly Hills 3” avec Eddy Murphy), un budget colossal, des bonus… Une recette miracle qui séduira nombre d’artistes et de producteurs.