La pochette de l'album La vie d'ici-bas
L’énorme succès du magnétoscope l’ami des soirées télé est vite rattrapé par celui du DVD, tandis que le CD commence à tourner de l’oeil. L’ordinateur individuel se faufile partout. Les comédies musicales sirupeuses font la une en France et l’Angleterre réinvente la pop : Oasis, Blur, The Smiths sont les nouveaux groupes en vogue. NTM, IAM, MC Solaar… la scène rap française ne cesse de grandir et passe en radio grâce aux quotas obligatoires de chanson française. Après un hiver 1995 agité par les grèves, le passage à gauche de l’Assemblée nationale en 1997 apporte une révolution : les 35 heures et ses RTT, régulièrement pointées du doigt, mais toujours appréciées. L’espoir d’une réconciliation au Proche-Orient s’estompe avec l’assassinat en 1995 de l’Israélien Yitzhak Rabin.
Chanteur français et percussionniste, André Minvielle est l’inventeur de la « vocalchimie », mélange de scat, blues et rap parfois accompagné à la vielle à roue. Né à Pau en 1957, il découvre le jazz très jeune et démarre sa carrière musicale en chantant dans les bals. Puis, il intègre la compagnie de Bernard Lubat, personnage central du jazz en France, multiinstrumentiste de talent, batteur de Claude Nougaro. Ensemble ils mènent une réflexion sur l’oralité et la musicalité des langues. Ils explorent et réinventent les traditions populaires ou savantes, restant toujours dans l’air du temps avec un incomparable sens de la langue et de l’improvisation. Ils font figure d’insoumis musicaux réfractaires au formatage des médias.
André Minvielle et Bernard Lubat
Cet air de jazz musette est une reprise d’« Indifférence » un monument de la musique pour accordéon. Une chanson qui a la couleur des petits bals populaires ! On entend les instruments s’accorder au début puis la chanson se met à tourner comme un manège fou. On entend d’ailleurs des cris, des voix d’enfants qui jouent, les applaudissements d’un public en liesse et un feu d’artifice ! Une bonne symbiose entre la musique des mots et celle de l’instrument à soufflet.
Écrites par André Minvielle, ces paroles épousent parfaitement la mélodie composée par Joseph Colombo 55 ans auparavant et interprétée par Tony Murena, l’accordéoniste virtuose de la musette et le pionnier du swing. Cette chanson rend hommage aux racines gasconnes du chanteur. Un hymne à la langue occitane, la langue d’Oc, mais également à la vie et ses plaisirs, la musique en partage avec les copains et la liberté ressentie. Il est d’ailleurs accompagné à l’accordéon par son grand ami Bernard Lubat. Une écriture extrêmement fine et poétique où l’occitan se mêle à merveille au français. Où les mots sonnent et se baladent à tout berzingue sur le clavier d’accordéon.
Ainsi va la vie d'ici La vie est là d'ici-bas Ell’débat et batt'rie les premiers pas dansés, Alban des éco-liers, Balancés dans l'air, sans avoir d'air, soûlés dans le temps Aux folles nuits…