La pochette de l'album Chansons classiques de Charles Trenet
La décennie 1930 s’ouvre pleine d’espérances, au son du jazz, et s’achève dans la tragédie, au bruit des armes. Après la crise de 29, le monde du travail s’organise et impose, avec le Front Populaire, d’immenses avancées sociales : augmentation des salaires, congés payés, semaine de 40 heures, respect des syndicats. Hélas, la montée des fascismes en Europe, l’avènement d’Hitler en Allemagne, la guerre d’Espagne puis la deuxième guerre mondiale, en décident autrement. Après la débâcle de juin 1940, le rationnement alimentaire fait son apparition. Le 22 juin, le Maréchal Pétain, chef de l’État français, s’installe à Vichy, signe l’Armistice et organise la collaboration avec l’Allemagne nazie. La France est alors scindée en deux : la zone occupée et la zone « libre ». Le 18 juin, le Général de Gaulle appelle, sur les ondes de la BBC, les soldats à le rejoindre à Londres tandis que la Résistance s’organise dans la clandestinité.
Charles Trenet est né en 1913 à Narbonne, dans le sud de la France. Inventeur pétillant de la chanson moderne, on le surnomme le « fou chantant », pour l’originalité de son écriture et la fraîcheur de ses interprétations. Nourri de jazz, cette nouvelle musique alors venue d’Amérique, il nous laisse un répertoire composé de chansons immortelles, dont certaines ont fait le tour du monde.
Au milieu des années trente, il révolutionne la chanson française, fait swinguer les textes aux rythmes du jazz, tout en y glissant des images poétiques inattendues. Il crée des univers de rêves, des histoires incroyables, des personnages incongrus qu’il place dans des situations ouvrant les fenêtres de l’imaginaire. Disparu après quelque soixante années de carrière, il aura passé le relais avec le sentiment du devoir accompli : tout artiste qui souhaite donner un peu de corps et d’âme à ses chansons doit quelque chose à Charles Trenet.
Charles Trenet
La mélodie introductive au piano a des allures de comptine. Elle est portée par la voix et le jeu de la guitare manouche dont la « pompe » et les « roulades » ponctuent les couplets. L’interprétation de Charles Trenet se veut joyeuse et cynique à la fois. Django Reinhardt, le roi du jazz manouche est accompagné par le quintette à cordes du Hot Club de France, association de musiciens passionnés de jazz.
Nous connaissons tous cette fable de Jean de la Fontaine par cœur, elle fait partie de ces textes que l’on apprend tout petit à l’école. Les fables, écrites en vers, ont une visée pédagogique et morale. Critiquant les défauts des uns et des autres, elles invitent à la réflexion. Elles mettent en scène des animaux qui pensent et parlent comme les hommes ! Ici, la cigale incarne l’artiste, l’oisiveté, la joie de vivre. La fourmi besogneuse et austère, ne connaît, quant à elle, que le travail. Elle l’emporte certes sur la cigale mais on la devine pingre et jalouse. Deux visions de la vie s’affrontent ici. Mais derrière cette allégorie du travail n’entendons-nous pas une célébration de la vie et de ses plaisirs, bons et mauvais moments compris ?
La Cigale, ayant chanté tout l'été Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue : Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la Fourmi sa…