Avec le thème «Chansons majeures » nous vous proposons d’aller à la rencontre de vingt chansons d’importance, celles qu’il faut connaître, celles qui ont marqué leur temps et celles dont nous devinons qu’elles resteront… plus que le temps d’une chanson. La portée de certaines œuvres musicales est incontestable. « La Marseillaise » est un hymne universellement connu. D’autres chansons plus récentes sont, à notre avis, remarquables. Comment juger de la valeur d’une œuvre ? Comment porter une appréciation individuelle, collective ? Quelle est la part de subjectivité, d’universalité, de génie ? Vous pourrez en discuter en classe et solliciter votre entourage afin d’établir votre propre distinction en matière de chansons majeures. Mais d’abord, découvrons ensemble ces vingt belles chansons.

1) Orchestre National du Capitole (sous la direction de Michel Plasson) - La Marseillaise (1792)
2) Patachou - On n’est pas là pour se faire engueuler (1955)
3) Jean Ferrat - Nuit et brouillard (1963)
4) Léo Ferré - Vingt ans (1965)
5) Charles Aznavour - La Bohème (1966)
6) Brigitte Bardot - Harley Davidson (1967)
7) Claude François - Alexandrie Alexandra (1978)
8) Julien Clerc - Ma préférence (1978)
9) Pierre Perret - Lily (1978)
10) Johnny Hallyday - Ma gueule (1979)
11) Trust - Antisocial (1980)
12) Alain Bashung - Vertige de l’amour (1981)
13) Mylène Farmer - Sans contrefaçon (1987)
14) Rachid Taha - Ya Rayah (1994)
15) Noir Désir - Un jour en France (1996)
16) NTM - Laisse pas traîner ton fils (1998)
17) Thomas Fersen - La chauve souris (1999)
18) Camille - Au port (2005)
19) Clarika - Bien mérité (2009)
20) Alexis HK - Les affranchis (2009)

Il existe des millions de chansons de par le monde, et chacun se dit qu’en ce domaine, seul compte le plaisir qu’on y prend, que chacun a ses goûts et qu’alors toutes les chansons se valent. Cette position n’est pas absurde. Cependant, dans la réalité, quelque chose peut surprendre: certaines chansons ont un succès immédiat, elles plaisent tellement qu’on s’en arrache les enregistrements, leurs interprètes deviennent aussitôt célèbres et pourtant, quelques mois plus tard, plus personne ne les supporte, elles tombent dan l’oubli et parfois même dans le ridicule.

Brassens, Gainsbourg ou Aznavour sont des références incontournables alors qu’à leur époque d’autres chanteurs vendaient dix fois plus de disques qui nous parassent aujourd’hui dérisoires. Il faut donc croire que la valeur d’une chanson ne tient pas d’abord au plaisir qu’elle donne immédiatement au plus grand nombre de gens, mais à autre chose, à une qualité de paroles et de musique qui en font plus qu’une simple distraction. Une distraction vise à nous faire oublier notre vie. Ces chansons-là au contraire nous font redécouvrir notre vie.

Mais à quoi tient cette valeur? Qu’est-ce qui fait qu’on écoute encore Mozart ou Charles Trenet, les Beatles ou Nougaro? Il y a bien sûr une qualité poétique et une créativité musicale. Mais il y a autre chose, quelque chose qui, grâce à cette qualité, recoupe soudain quelque dimension essentielle de notre existence individuelle et collective.

Collective, d’abord: prenons l’exemple de “La Marseillaise”. Ce fut d’abord un chant, mais qui fut très vite senti comme un ciment essentiel de l’avancée populaire et de la liberté, en France d’abord puis en Prusse et en Italie, puis dans l’Europe entière, puis au-delà, du Mexique à la Russie. La qualité de cette chanson et son contexte révolutionnaire d’origine y sont certes pour quelque chose, mais c’est l’usage qu’en fit le peuple qui en retour lui a donné ses qualités essentielles et fixé son exceptionnel destin. Une chanson peut ainsi devenir majeures et marquer l’histoire lorsque les passion populaire se l’approprient pour nourrir la raison.

Mais les chansons majeures ne surgissent pas seulement dans les ferveurs collectives. Certaines chansons, parce qu’elle atteignent le niveau de l’art, parviennent à faire sentir à des millions de gens leur intimité la plus personnelle, celle de l’amour et de la souffrance, de la nostalgie et du bonheur.

Il y a des façon universelle d’exprimer le singulier. Les chansons qui vous sont présentées ici, comme bien d’autres résistent au temps et à la succession des génération, parce qu’elles font sentir à tous ce que chacun a d’unique, provoquant le plaisir de la redécouverte de soi, ce qui est le propre de l’art. Certaines d’entre elles, plus récentes, nous semblent déjà porter la marque d’une qualité durable parce qu’elles sont bien écrites, nous proposent des images intéressantes et sont bien interprétées ou surtout parce qu’elles amènent une idée, un son neuf. Apprendre à émettre un jugement et savoir apprécier la musique et les chansons, n’est certes pas toujours aisé, mais bien utiles pour mieux encore apprécier la musique et les chansons. L’avenir dira celles et ceux qui, autour de nous, sèment nos plaisirs de demain dans des chansons qui s’avèreront Majeures.

Jean-Paul JOUARY,
philosophe

Nous accordons souvent une grande importance aux mots. Cependant c’est d’abord par la musique qu’une chanson nous pénètre. Nos oreilles sont de fameux indicateurs lorsqu’il s’agit de ressentir et saisir l’atmosphère d’une œuvre. Au moment de son écoute, les sensations s’accordent à des images issues de nos propres souvenirs et références culturelles. La musique et les sons qui la composent prennent sens en chacun de nous sous la forme d’impressions qu’il est intéressant de partager. Voici par exemple ce qu nous inspire la chanson “Nuit et brouillard” de Jean Ferrat:

• Le tambour crée une ambiance ténébreuse.
• L’orgue évoque la solennité d’une messe.
• La chanson est d’une grande force et d’une profonde tristesse
• La voix tremblotante de Jean Ferrat nous interpelle. On en a la chair de poule.
• Le rythme des instruments marque les vifs battements des cœurs affolés.

À vous maintenant d’écouter et de vous laisser aller à la musique !