Derrière une carrière aussi fulgurante qu’inoxydable, se cache une femme insaisissable, d’apparence blessée quand il s’agit de son œuvre. Mylène Farmer, de son nom original Mylène Gauthier, naît en 1961 au Québec de parents français. Elle grandit en banlieue parisienne et décide de quitter le lycée pour se lancer dans une carrière artistique. La jeune femme débute dans le théâtre et décroche quelques rôles dans la publicité française avant de rencontrer Laurent Boutonnat, producteur et compositeur, qui lui offre l’opportunité de sortir son premier single, “Maman a tort”, en 1984. Gauthier et Boutonnat formeront un duo créatif fécond et Mylène Gauthier devient Mylène Farmer.
Après quelques échecs, Farmer rencontre tout de même très vite le succès avec son tube “Libertine”, sorti en 1986 et classé dans le Top 50 français de l’année. C’est la même année que paraît son premier album studio, Cendres de Lune.
Son univers est riche de références à la poésie de Charles Baudelaire et à la littérature fantastique, Edgar Allan Poe en tête. Farmer écrit sur le sexe, la femme, la mort ou l’amour qui se déclinent en images dans ses clips. Cette artiste mystérieuse met en chanson sa sensibilité à nu et impressionne par sa finesse d’écriture et ses double-sens.
En 1988, Farmer sort son deuxième album, Ainsi soit je, dont est issu le tube “Sans contrefaçon” qui deviendra un hymne gay, ou “Pourvu qu’elles soient douces”, titre pour lequel Farmer et Boutonnat créent un clip de 18 minutes avec un budget de 3 millions de francs et plus de 700 figurants. Ce court-métrage reconstitue la Guerre de Sept ans, un conflit sanglant qui opposa les royaumes européens entre 1756 et 1763. Il lui vaudra une page dans le Guinness Records des années 1990. Mylène Farmer devient un grand nom dans la pop française. Cette même année, la chanteuse reçoit la Victoire de la musique de l’artiste féminine. Ce n’est qu’en 1989 que Mylène Farmer monte sur scène et débute une longue série de performances live époustouflantes. En 1991 paraît son plus grand tube “Désenchantée”, autant en France qu’à l’international.
L’artiste enchaîne les succès et récompenses avec ses 10 autres albums studio et ses 7 albums live, ses performances visuellement stupéfiantes et hors du commun, ses textes tranchants et ses expérimentations musicales soutenues par sa voix douce et fragile. Malgré son absence volontaire des médias, Mylène Farmer sait réunir les foules lors de ses concerts aux mises en scène grandioses. Elle n’hésite pas à se risquer à de nouvelles couleurs musicales et passe ainsi de la pop à la new wave ou plus récemment du rock à la techno.
Aujourd’hui encore, Mylène Farmer est l’artiste française qui a vendu le plus de disques depuis les années 1980 et elle ne compte pas quitter la scène de sitôt.
Mylène Farmer
Dis maman, pourquoi je suis pas un garçon? Puisqu'il faut choisir A mots doux je peux le dire Sans contrefaçon Je suis un garçon Et pour un empire Je ne veux me dévêtir Puisque sans…
À 26 ans, Mylène Farmer, chanteuse au look androgyne, a déjà beaucoup fait parler d’elle et aborde sans complexe le sujet du mal-être et de l’ambiguïté sexuelle. Son répertoire évolue dans une veine érotique et sombre, habitée par les spectres de l’enfance et ses traumatismes. Cette chanson se rapporte très clairement à ce registre, introduite par le pastiche d’une voix d’enfant qui s’adresse à sa mère. Clavier et boite à rythmes, sonorité synthétique: ce morceau est typique des années 1980. Le chant surplombe cet apparat rythmique d’une voix haut perchée parfois à la limite de la rupture. Elle en a fait une marque de fabrique, cultivant son image de femme-enfant.