Faut-il présenter notre Johnny national ? Jean-Philippe Smet de son vrai nom, débute dans les années 60 en pleine vague Yéyé dont il devient vite le chef de file. Il se fait connaitre en adaptant les standards des rockers américains dont il est fan et affiche sa « rock’n’roll attitude » à travers des traits juvéniles à la James Dean et un déhanché à la Elvis Presley. Son premier tube « Souvenirs, souvenirs » lui permet de décrocher la couverture du magazine «Salut les copains» et de figurer en tête d’affiche lors de l’impressionnant concert des idoles donné en 1963 sur la place de la Nation à Paris. Du rock au twist en passant par le slow, Johnny Hallyday a su s’entourer des auteurs dans l’air du temps et a à son actif plus de mille chansons. L’artiste prend cependant toute sa dimension sur scène dans des shows gigantesques dont lui seul a le secret. Celui qui a su remplir le Stade de France est aujourd’hui encore sacré roi de la chanson rock d’expression française.

Cette chanson éminemment rock appartient au registre du Johnny Hallyday dur à cuir et
brut de décoffrage. Le tempo est lent et l’accompagnement au clavier et à la basse est minimaliste.
Pourtant, il s’époumone d’une voix puissamment irritée qui colle parfaitement à l’incarnation d’un personnage à fleur de peau. Souvent perçu comme un artiste excessif à l’ego démesuré, le texte prend le contre-pied de cette image en désacralisant l’importance du physique dans la réussite. Malgré ses penchants impétueux de showman invétéré et d’homme à femme, il se dit sombre et encombré de doutes. La chanson souligne cette fragilité, tout en mettant le feu aux mots et aux stéréotypes dans
lesquels on le fige.