Patachou
Drôle de nom pour une grande chanteuse, c’est un sacré brin de femme que voilà ! Henriette Ragon ou Patachou n’a jamais cherché à se hisser au statut de vedette et préférait encourager les artistes en s’affirmant comme une découvreuse de talents. En ouvrant son propre cabaret à Montmartre, en 1950, elle tend le micro à un grand nombre d’auteurs, à l’époque boudés par le grand public et pourrait ainsi se vanter d’avoir sorti de l’ombre un certain Georges Brassens. À la tête de ce haut lieu de la chanson, Patachou se plaît à pousser la chansonnette en duo avec les nombreux interprètes qu’elle accueille. Son œuvre est ainsi constituée de reprises, des plus insolentes façon Serge Gainsbourg ou Boris Vian aux plus poétiques, signées Léo Ferré.
Un clair matin de printemps, le réveil A sonné dès le lever du soleil Et j'ai dit à mon Henri, « sors du lit, C'est aujourd'hui qu'il passe » On arrive sur le boulevard sans retard Pour…
Fameuse chanson de Boris Vian, elle prend une drôle de tournure avec l’interprétation de Patachou. Fidèle à l’absurde de son auteur, celle-ci se livre à une interprétation en public des plus théâtrales. Gouaille et franc-parler se conjuguent à l’humour grinçant du texte: du défilé où l’on vient voir parader le “roi d’Zanzibar” aux portes du Paradis qui se referment, en passant par le verre de Sancerre de la copine Charlotte, un enchevêtrement cocasse sert de trame à la chanson. Patachou la chante avec impertinence dans différents tons parlés, chantés et scandés. Sa voix swingue sur l’accompagnement acoustique jazzy rendu par la trompette, le saxophone et le violon.