Juste après la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), quatre amis s’inventent un monde visuel et sonore défiant résolument les modes. Ils s’appelaient François Soubeyran, Georges et André Bellec (deux frères !), et Paul Tourenne. Ils tiendront le haut de l’affiche pendant près de quarante ans. Collants noirs, justaucorps de couleurs, gants et chapeaux melon, grosses moustaches et voix graves roulant les « R », Les Frères Jacques chantent, miment, chorégraphient chaque chanson avec une précision diabolique. Le moindre geste, le plus infime placement de voix, sont réglés comme une horloge, le fruit d’un travail de fourmi. Connus dans le monde entier, ils étaient drôles, étonnants, bizarres, inclassables et ne ressemblaient vraiment à personne.
Les Frères Jacques
Elle était jeune fille Sortait tout droit de son couvent Innocente et gentille Qui n'avait pas seize ans Le jeudi, jour de visite, Elle venait chez ma mère Et elle nous jouait la Truite La…
D’un véritable lied de Schubert, effectivement intitulé “La Truite”, le savoureux parolier Francis Blanche tire cette histoire abracadabrantesque, qui nous est contée par Les Frères Jacques au mieux de leur forme. Ça commence par un gentil récital de piano, se poursuit par de coquines galipettes… toujours ponctuées hélas du lied obsédant. À tel point que la donzelle, enceinte à l’issue de ces douteuses manœuvres,finira par accoucher… d’un poisson. Du surmesure pour nos quatre compères, excellant toujours dans l’évocation des phénomènes incongrus. Et celui là, si l’on ose dire, valait son pesant de friture.