Entre Saint-Etienne, sa ville d’origine, et Salvador de Bahia où il partait souvent se ressourcer et puiser l’inspiration, c’est à coup de sambas dans la face que l’ex-boxeur Lavilliers s’installa dans la place. En un temps où il ne fallait pas trop compter sur la télévision pour supporter les jeunes talents, c’est sur scène que Nanar aligna ses premiers rounds. Depuis, “ce fauve d’Amazone” a su relever bien des défis, adaptant à la langue française les sonorités reggae, salsa, funk, rock. Également attentif à la poésie, il a adapté Tzara, Kipling, Aragon, ce qui l’inscrit dans la lignée des Brassens, Ferrat, Ferré.
Bernard Lavilliers
Viens petite sœur au blanc manteau Viens c'est la ballade des copeaux Viens petite girl in red blue jean Viens c'est la descente au fond de la mine Viens donc grand shooté du désespoir Viens…
Cherchez dans le dictionnaire le mot “sidérurgie”, vous y apprendrez que jadis des gens qu’on appelait “ouvriers” usaient leur vie à la gagner, au pied d’immenses hauts fourneaux, où d’un savoir-faire ils tiraient aussi leur dignité. “Fensch vallée” raconte la rencontre entre une petite bourgeoise et un prolo en acier trempé. Couvre-toi mignonne, il fait 60° à l’ombre… l’ouvrier entraîne la donzelle pour une visite express à l’intérieur de l’usine. Il a les mots qui frappent, et le sens du raccourci, pour illustrer l’impitoyable violence qui existe dans le travail.