Issu d’une famille de réfugiés juifs résistants et communistes, c’est chez les scouts laïcs que Jean-Jacques Goldman se découvre une passion pour la musique, et commence à apprendre le piano, le violon et la guitare. Chanteur dans la chorale paroissiale de Montrouge (92), il fréquente un studio d’enregistrement pour graver quelques titres gospel : rien de tel pour se révéler une passion !
Dans son adolescence, tout comme son acolyte Francis Cabrel, il tombe amoureux de la musique de Bob Dylan comme du rock anglo-saxon et s’exprime au sein de groupes de folk, de blues, de rock, comme The Phalansters ou Taï Phong, formation de rock progressif des années 70, où il chante en anglais.
Pourtant, c’est en solo qu’il rencontre véritablement le succès. En 1976, il voit Léo Ferré en concert et c’est le choc : la poésie de la langue française le frappe en plein coeur. Goldman est déterminé. Coûte que coûte, il écrira désormais dans sa langue maternelle. C’est la fin de Taï Phong, le début de l’épopée Goldman. Les débuts sont difficiles, les échecs s’enchaînent. Jean-Jacques envisage d’arrêter et de reprendre le magasin de sport de ses parents. Pourtant, grâce à son éditeur Marc Lumbroso, il signe en label et sort un premier album à succès, puis un deuxième qui l’entérine, en 1982. C’est cet album qui contient les titres cultes « Quand la musique est bonne » et « Au bout de mes rêves », et qui frôle le million d’exemplaires vendus. La success story est lancée : suivent l’album Positif (et le fameux « Envole-moi »), Non homologué (« Je marche seul », « Je te donne »), Entre gris clair et gris foncé en 1987 (« Là-bas »).
Au début des années 1990, il collabore avec Michael Jones et Carole Fredericks avec des succès comme « À nos actes manqués » ou « Né en 17 à Leidenstadt ». L’envie de partager avec d’autres artistes ne l’a jamais quitté. Il a composé, véritable pygmalion, de nombreux grands hits pour des superstars comme Céline Dion ou Johnny Hallyday. Pour ce dernier, il écrit et compose notamment « Je te promets » et « L’envie ». Aussi, il produit pour Calogero, Khaled, Garou, Patrick Fiori, Florent Pagny, Marc Lavoine…
Tout au long de sa carrière critiqué sur sa voix, son manque d’originalité, et surtout pour être un chanteur aux beaux messages mais sans réels engagements, Goldman a su faire taire ses détracteurs. En 1985, il chante pour l’Éthiopie, puis pour le Sidaction, Solidarité Asie… Encore aujourd’hui, il reste un artiste investi dans des oeuvres caritatives ou humanitaires comme les Restos du Coeur ou Les Enfoirés, dont il est l’un des fondateurs. Investissement qui n’est pas sans rappeler celui de Balavoine ou Cabrel, et qui lui vaut un amour sans faille de la part du public français, malgré son retrait médiatique. Car en effet, depuis 2004, le chanteur se fait discret et se retire de la vie publique, faisant de la musique une affaire privée, et donnant seulement quelques courtes prestations par-ci, par-là.
S’il ne souhaite plus se mettre en avant, par pudeur et humilité, la nostalgie suscitée à l’écoute de ses tubes chez bon nombre de Français, est, elle, constante.
Par Aleksien Méry
Goldman et les autres
Moi, je file un rancard À ceux qui n'ont plus rien Sans idéologie, discours ou baratin On vous promettra pas Les toujours du grand soir Mais juste pour l'hiver À manger et à boire À tous…
Cet appel à la générosité, à la solidarité, affiche cette idée toute simple : la misère des uns concerne aussi les autres. Tout le show-biz de l’époque se range derrière Coluche et Goldman pour en témoigner. La chanson deviendra un hymne. Son message devrait sonner comme une évidence. Mais à l’évidence, l’idée n’est pas encore universellement partagée. Donc, le monde continue d’être injuste et cruel aux plus faibles, ce qui permet d’offrir un sens toujours renouvelé au joli mot d’Utopie. Sauf qu’avec les Restos, le mot se transformait en vrais paquets de pâtes, en boîtes de sardines, fruits et légumes. Là-dessus Coluche tira sa révérence. Désormais menacé de canonisation, il n’est pas certain que cela le ferait rire.