Bérangern c’était Mandrin ou François Villon dans la France de Giscard d’Estaing. L’emmerdeur patenté. un empêcheur de roucouler en rond, qui pour toute une génération de lycéens et d’étudiants symbolisait “l’alternative”: une autre façon de voir le monde, d’envisager les rapports entre les gens. Il remplissait les salles de meetings et fêtes de partis politiques (de gauche). Jamais il ne passait en radios, sauf peut-être avec cette chanson, si bien tournée qu’aucun programmateur ne pouvait se résoudre à faire l’impasse. Il y avait du Dylan en lui, du Brassens, et du Félix Leclerc. Il a disparu sans qu’on ait vraiment pris la mesure de son talent. Même mort, cet homme semble toujours dangereux.
François Béranger
Natacha, Ton nom est déjà un voyage À quoi bon dépenser nos sous À vraiment partir et pour où ? À partir, Je préfère les rivages ombreux De notre grand lit aux draps bleus Où l'on…
Voilà sans doute une des plus belles chansons d’amour en français, douce-amère, fragile et profonde. Pour un “ours mal léché”, l’homme qui l’a écrite connaissait comme peu d’autres la subtilité des sentiments. Dans les chansons de François Béranger, rien n’est jamais acquis. L’amour n’y est pas éternel, les amants sont toujours un peu en danger. On aile se faire peur, ou bien du mal, jongler avec les certitudes, quitte à les briser. Pas de grands discours, de fidélité à jamais. Juste vivre l’instant présent, avec intensité.