Gosse de banlieue (Drancy en Seine-Saint-Denis), immigré hongrois, Michel Jonasz est nourri de plusieurs cultures : le blues, le jazz, le swing. Mais coule aussi en lui cette nostalgie des violons d’Europe centrale. Il semble toujours que deux personnages sont embarqués dans la peau de Michel Jonasz. Un crooner et un écorché vif ; un noceur et un poète, mais toujours d’une exceptionnelle sensibilité.
Portrait de Michel Jonasz par Maryse Garel
On allait au bord de la mer Avec mon père, ma sœur, ma mère On regardait les autres gens Comme ils dépensaient leur argent Nous il fallait faire attention Quand on avait payé Le prix d'une…
Nostalgie de l’enfance, la vie modeste en banlieue, les choses simples, tout est dit en quelques lignes… Les souvenirs reviennent, de la glace à l’eau aux bateaux en passant par les palaces évoqués avec une pointe d’amertume. Tant de chaleur se dégage de ce portrait d’une famille certes démunie mais unie.
Cette ballade, tout en mode mineur n’est pas simple à chanter, tant la mélodie est fouillée. La voix de Michel Jonasz, vibrante et pleine de sensibilité, est très émouvante. Égrenées avec retenue par le piano, les notes distillent une douce mélancolie que surlignent les arrangements de cordes et de mandoline à la fin de la chanson.
Si les années 70 se sont ouvertes sur l’espoir d’un monde meilleur, les rêveurs vont très vite déchanter car la crise économique s’installe et avec elle, le chômage. La décennie est marquée par des mouvements sociaux d’envergure, des grèves douloureuses et des fermetures d’usines. Le monde va mal ! Dictatures féroces en Amérique du Sud, enfermement et répression à l’Est, Palestiniens sans terre et guerre au Moyen Orient ; les conflits s’amplifient tandis que la menace des pollutions massives commence à se manifester avec le naufrage de l’Amoco Cadiz. Pourtant, la médecine et la science font d’importants progrès.