De Gainsbourg à Michel Berger, France Gall a inspiré des auteurs majeurs de la chanson française. Sa voix au timbre presque enfantin n’y était pas pour rien. Sa carrière démarre très tôt avec des chansons naïves, “Sacré Charlemagne”, “Poupée de cire, poupée de son”, qui pouvaient la condamner à une gloire éphémère. Mais sa rencontre avec Michel Berger donnerait à sa destinée un tour différent. Ils seront ensemble les deux grandes stars des années 80, auxquels tout réussit, tout sourit. La disparition prématurée de son compagnon, les souffrance de l’existence, brisent hélas ce tableau idyllique. Reste la longue série de succès, souvent repris par les “élèves” des académies télévisuelles, où s’exercent à présent les possibles stars de demain.

Il y a cette période cruciale dans l’existence où l’on se sait devenir adulte, mais où l’on ne se sent pas nécessairement d’entrer “pour de vrai”, “pour de bon”, ans ce nouvel âge. On ne comprend que le temps est venu de prendre son envol, mais l’imminence du grand départ semble au contraire nous fragiliser… Et l’on se retrouve plus enfant qu’à l’heure de l’enfance même. C’est ce ressenti subtil que Michel Berger parvient à identifier ici. Il le met en mots et musique avec une sensibilité rare. France Gall est sa muse. Ici, tout en douceur et fragilité, elle exprime l’incertitude des temps “où l’avenir reste gris”.