Tout au long de sa carrière, au fil de ses albums, Thoams Fersen s’est constitué un noyau dur d’inconditionnels. Ses fans se régalent de ses histoires lunaires, merveilleusement fêlées. Les garçons y sont veules ou placides, sauf ceux qui sont assassins ou psychotiques. Les filles ? Insatiables, cruelles, inaccessibles le plus souvent, timbrées aussi parfois. On croise sur ses chemins toutes sortes d’obsessionnels aux prises avec leurs démons et des paraboles animales réjouissantes. L’univers poétique de Thomas Fersen eut probablement ravi Charles Trenet.

En 1994 l’horreur franchit un palier avec le génocide au Rwanda. En France les grèves de l’hiver 1995 expriment un profond malaise social. L’espoir d’une réconciliation au Proche-Orient s’effondre avec l’assassinat en 1995 de l’Israélien Itzhak Rabin. Le foot devient une folie nationale éclairée par un rayon de soleil éphémère : la France remporte la coup e du monde en 1998 ! Mais le fanatisme religieux et les guerres s’installent. Dieu est partout, il devient à la mode et chacun a le sien ! Pendant ce temps-là, Internet tisse sa toile…

C’est un peu l’inverse de la chanson de Bénabar, qui accumule les détails. Ici, tout est dans le non-dit, dans l’allusion, c’est une métonymie : on parle d’un détail pour désigner le tout. La vie qui grandit, une enfance, une adolescence, mais juste vue des escaliers d’immeuble où l’on crèche, et les voisins qui râlent, et la concierge un peu Cerbère… Et puis l’amour croisé sur le palier. Amusante ritournelle, presqu’épuisante comme cet escalier qu’il faut escalader. Souriante chanson en colimaçon au joyeux happy end.

Cette amusante ritournelle où le piano révise ses gammes, virevolte, s’épuise et tourne en rond, donne une impression de course-poursuite dans les marches de l’escalier. Une course mélodieuse au rythme du temps, de la vie et ses différentes étapes pour cette chanson en colimaçon au si joyeux happy end.