Fer de lance d’une armada “alterno” qui agita le rock français dès le milieu des années 80, la Mano Negra concocte un dosage inédit, dangereusement pyromane: frénésie punk, exubérance hispanique, tentation hip-hop, allures de gavroche. Avec les Garçons Bouchers et les Béruriers Noirs, la clique de la Mano Negra résume l’émergence d’une faune d’artiste mal élevés et brillants, décidés à construire une scène solide et crédible face au show-biz traditionnel… et qui deviendrait aussi forte que lui. Son chanteur Manu Chao a depuis poussé le principe à son maximum: on l’a baptisé “milliardaire altermondialiste”, moitié star, moitié guérillero. Pareille réussite semble un comble d’insolence.

Une chambre comme une prison. Mélodie lancinante. Refrain qui harcèle. Amour obsession. Passion addiction. Envie de décrocher… Il parle d’une femme comme on parle d’une drogue dure. Tout au long du morceau : violence du sentiment, souffrance du désir qui devient besoin… physique et moral… les phrases comme des flashes vous sautent au visage. Quand « Pas assez » veut dire « trop », la mort rôde, et le sang sur les murs poisse.