Avec lui les mots devenaient des notes de musique. Dès ses débuts, à l’aube de 1960, ce toulousain chahute les vers. Il a le swing et la rime dans la peau. Il mélange jazz et java, importe de Rio la bossa nova, ose jouer avec les rythmes africains quand ce n’était même pas imaginable. Éternel novateur, Nougaro était toujours en avance sur son temps, ouvrant la chanson française sur d’immenses espaces de liberté. Il a disparu en 2004. Même bien remplies, les vies d’artistes semblent toujours trop courtes, malgré les “magnétophones qui se souviennent de ces voix qui se sont tues”. Il semble aujourd’hui que ce vers de Léo Ferré ait été écrit spécialement pour lui.
Claude Nougaro (2)
Dès l'aérogare J'ai senti le choc Un souffle barbare Un remous hard-rock Dès l'aérogare J'ai changé d'époque Come on! Ça démarre Sur les starting-blocks Gare Gare Gare Là c'est…
Au détour de la cinquantaine, Paris et les Français le croyaient fini. Plus assez vendeur, Nougaro. Manque de niaque. Has-been, in English. Meurtri, il part alors à New-York. Lui, le jazzman, découvre là-bas le funk qui claque gonflé de synthétiseurs et de cuivres. Une vraie cure de vitamines, pour l’homme et pour sa poésie. Il écrit un album come-back en forme d’uppercut, avec ce morceau qui devient un tube énorme, phénoménal. On le sent écrit dans l’urgence et l’euphorie. Cela s’entend dans chaque vers et chaque note, jubilatoires. Il envisageait « un nouveau départ ». Il ne s’était pas trompé.