Avec Dave, Dick Annegarn est assurément le plus français des néerlandais. Installé dans notre paysage musical depuis quelques trente ans, il vient, part, se fait oublier, revient, selon l’humeur. S’enfuit loin des tumultes du show-biz, cultive son jardin, comme le Candide de Voltaire auquel il ressemble beaucoup. Quand l’envie de trousser les couplets se fait de nouveau pressante, il suffit d’une guitare. Ses arpèges et son style d’écriture hautement personnel font des chansons complexes, même si Dick Annegarn a les allures d’un poète tranquille… en apparence, mais qu’on devine habité de mille révoltes intérieures.

Vive la pollution et le bruit, adieu les arbres et la quiétude. Le texte est habilement construit à partir d’une figure appelée antithèse : il s’agit pour l’auteur de célébrer ce qu’il déteste en réalité. Elle se trouve résumée avec cette jolie formule de « cure d’intoxication »… Voici résumés en somme ce qu’on appelle «les sentiments contradictoires », lorsqu’on a autant envie d’une chose que de son contraire. C’est ce qui fait, dit-on, la richesse des hommes. À ce niveau, Dick Annegarn est probablement milliardaire. Il faut enfin remarquer la complexité de la mélodie à l’orchestration dépouillée.