Très jeune, Wasis Diop quitte le Sénégal natal pour tenter en Europe l’aventure artistique. Il aura depuis beaucoup voyagé, bourlingué: un groupe d’Afro-Jazz, West African Cosmos… Une tentative de « reggae-punk »… Différentes collaborations avec des musiciens japonais d’avant-garde, le chanteur jamaïcain Jimmy Cliff, la chanteuse tunisienne Amina. C’est ainsi qu’à travers mille rencontres, celui qui n’était pas né d’une famille de griots (*) a largement enrichi, depuis bientôt trente ans, l’univers de la «World Music». Compositeur de nombreuses musiques de films, il est aussi un guitariste subtil, reconnu et apprécié de tous les musiciens, au-delà des étiquettes.

« Samba le berger, Samba s’en va en France. Est-ce qu’il faut le retenir?» Se demandait Wasis Diop lors d’un entretien. «Samba est un homme libre. Les bergers sont des voyageurs. Et ce berger-là, s’il décide de laisser son troupeau sur les terres et de partir tout seul, il doit avoir la liberté de suivre son chemin, parce que l’étoile du berger on peut aussi l’admirer dans les cités du monde entier. On peut la voir à New-York, on peut la voir à Paris, on peut la voir partout. Samba est un symbole de la société que nous voulons ». Voici l’une des plus graves questions posées aux hommes désormais : avons-nous encore besoin de frontières ? Admirable chanson qui combine la tradition du chant africain et la modernité des arrangements occidentaux. Le tempo lent donne de la gravité à un texte d’une étonnante habileté.